jeudi 31 mai 2012

La Soie


Voilà le joli mois de mai qui s'est pris pour une étoile filante.
Pour autant il me reste quelques heures avant la venue de juin pour vous parler de la soie.
Objet de désir et de fantasme, la soie est un textile complexe et plutôt mal connu, voici quelques lignes sur le sujet pour comprendre enfin ce que sont le doupion, le shantung, j'en passe et des meilleurs.
Rappel de ce qu'est la soie:
La soie est une fibre textile naturelle produite par différentes espèces de vers à soie: les bombyx du mûrier et les vers à soie Tussah. Les premières utilisation de la soie remontent environ à 2500 ans avant JC en Chine qui a conservé le secret jusqu'au VI° siècle, date à laquelle apparaissent des cultures en Europe.
Extrêmement précieuse, elle sert de monnaie ou de cadeau royal dans les cours d'Europe de l'antiquité au XIX° siècle. Elle subit désormais la concurrence des fibres synthétiques mais demeure apparentée au luxe et à la qualité.
Le procédé de fabrication est assez barbare et je vous l'épargne, pour les curieux, l'article de wikipédia est bien documenté et illustré.

Reconnaitre la soie:
Les imitations de soie sont de plus en plus efficaces et même au toucher certaines fibres synthétiques font parfaitement illusion. Seulement le prix n'est pas le même, pour éviter de se retrouver le dindon de la farce voici une petite astuce pour identifier une fibre naturelle: prendre une fibre du textile et la bruler, si une petite boule dure se forme, vous êtes en présence de synthétique, si au contraire la fibre se consume et devient cendre c'est qu'elle est naturelle.
La soie brulée dégage une odeur de cheveux ou de plumes brulés.

Les soies:
Soie sauvage: réalisée à partir des déchets éliminés lors de la filature, elle présente des inégalités qui proviennent de la bourre tissée avec d'autres fibres. Sert pour les robes et les chemisiers, se retrouve beaucoup dans la confection des robes de mariées.


Doupion: tissé à partir du fil de cocons doubles (deux vers ayant tissé un seul cocon), il présente des amas en forme de boutons répartis aléatoirement. Opaque et raide il permet de beaux volumes.


Shantung: soierie de moyenne épaisseur, de tissage simple et à l'aspect irrégulier, employé pour les chemises robes et pantalons. 


Taffetas de soie: le taffetas est un mode de tissage des fibres (armure toile), en soie il présente un grain régulier doux, c'est un textile opaque raide et craquant parfait pour créer des effets de volumes. 


Organza de soie: tissu fin transparent et raide, de tissage régulier. On le retrouve dans les tutus de danse et les robe de mariée.


Crêpe de soie: toucher granuleux provenant de la torsion des fils. Moyennement épais le crêpe a un très beau tombé et permet d'extraordinaires drapés surtout si on le coupe dans le biais.


Soie lavée: elle a subit un traitement chimique qui la rend lavable en machine. D'aspect mat et au toucher doux elle tombe bien et s'emploie surtout pour les chemises et les robes.


Satin de soie: le satin désigne un mode de tissage, brillant sur l'endroit et mat sur l'envers. Le satin duchesse est un satin lourd et épais que l'on retrouve dans les robes de mariées.


A lire tout ceci on pourrait penser que ce textile n'a que des qualités: magnifique tombé, isolant, léger. Il serait plaisant de se vêtir entièrement de soie telle une princesse mandchoue. Néanmoins la soie a pour principal défaut de mal supporter le lavage. Par ailleurs elle est sensible à la transpiration.

Quelques conseils pour l'entretien de la soie si vous ne pouvez/voulez pas l'emmener au pressing:

1/ la soie est sensible aux agressions chimiques: évitez les parfums, les lessives non spécifiques. Quelques paillettes de lessive textiles délicats dans de l'eau tiède suffiront, puis quelques gouttes de vinaigre blanc dans le dernier bain.
2/ On trempe délicatement et on presse le tissu entre ses mains.
3/ Après le dernier rinçage déposer le tissu sur une serviette et éponger l'excédent d'eau.
4/ Faire sécher à plat.
5/ repasser à thermostat soie sans vapeur.

A ne jamais faire:
ne jamais laisser tremper la soie, ne jamais la frotter violemment, ne jamais la tordre ni l'essorer, ne jamais tamponner la soie: vous ne sauverez pas votre chemisier en épongeant une tache avec votre serviette et l'eau de votre verre, vous risquez juste de créer une auréole indélébile.

Vous l'aurez compris, la soie est une étoffe somptueuse mais exigeante, qui demande de l'attention et du soin. Que je vous encourage tout de même à utiliser, tant elle peut être somptueuse.

Et pour les maladroites comme moi qui craignent de ne plus pouvoir faire un pas sans une catastrophe, voici une jolie alternative à la pure soie: l'Art Silk, une imitation de soie venue d'Inde.


mercredi 16 mai 2012

Analyse de comptoir d'une mode

Pour être honnête, il y a un peu plus de dix ans ce n'était pas forcément évident de se lancer dans la couture. Elle apparaissait comme un monde réservé aux initiés parlant un langage codé. Mon premier patron m'a donné des sueurs froides et mes premiers achats des crispations au ventre. J'avais le sentiment d'explorer sans guide un continent inconnu et si Internet offrait quelques exemples de talentueuses couturières professionnelles il était plus avare de site pour néophytes.

Ma mère regardait d'un œil surpris mes balbutiements dans le domaine, étrangère à cette passion qui ne me lâche plus depuis. Il faut dire qu'il y a là une question de revendications. Elle, enfant de mai 68, voyait dans le fil un symbole de l'aliénation de la femme moi j'y perçois un moyen de me différencier dans un monde qui tend à la normalisation.

Si pour nos grand mères le comble du raffinement était de s'offrir une robe confectionnée dans un grand magasin, si abandonner l'aiguille symbolisait une liberté pour nos mères, ils s'avèrent que pour les femmes du XXI° siècle, l'art de l'aiguille relève du moyen d'expression de soi, d'un ras le bol des normes qui tendent à nous saucissonner dans les mêmes nippes produites par séries de 10 000 pièces. En témoigne l'éclosion d'échoppes de retouches et de confection, comme un semis de bonne humeur sur l'uniformité.
Et puis il y a celles et ceux qui n'ont jamais laissé tombé leurs aiguilles, que la mode avait ringardisés et qui prennent aujourd'hui leur revanche et peuvent à nouveau transmettre leur savoir-faire.

Mais, me direz vous, quid de la haute couture, elle est pourtant restée sur le devant de la scène toutes ces années?
Certes, elle a poursuivi son rôle de fer de lance en matière de mode, guidant les industriels de la confection dans le choix des couleurs, des formes, imposant la longueur des jupes et la coupe des vestes.
Néanmoins ce qui diffère aujourd'hui c'est la capacité pour certains à devenir créateurs de leur propre style, d'un style aux  multiples inspirations qui ne se retrouvera pas sur les portants des marques internationales.
Internet et la prolifération de blogs communautaires ou personnels, constituent aussi une révolution des mœurs. L'exemple de l'autre amène à ce dire "pourquoi pas moi?". L'effet d'entraînement est certain.

Cette article est un constat que je conclurai par ceci: n'arrêtez pas, ne lâchez pas les aiguilles, partagez!
 La diversité est une richesse.

Pour l'exemple et le plaisir:

vendredi 11 mai 2012

Entre nous


Certains attendent 40 ans, voire 50 ans pour envoyer valser leurs positions sociales, leurs études et leurs carrières.
Moi je n'ai pas attendu. A 29 ans, j'ai consciencieusement rangé mon diplôme de Sciences Politiques et ma licence d'Histoire pour aller voir si l'herbe n'était pas plus verte du côté des indépendants.
Avant cela il m'aura fallu 6 longues années pour trouver le courage de transformer une passion en projet professionnel.

Car il faut vous dire que depuis toute petite déjà je suis acquise à la cause du textile, quelque soit sa forme, son apparence: un vieux morceau de foulard qui me parle des bals musettes auxquels se rendait ma grand-mère, un improbable coupon violet à poids noirs pour mes barbies, une chute de ma première robe de princesse à 10 ans et ainsi de suite.

Tout cet amas de fanfreluches, de tissus, de bouts de galons et de dentelles s'est mis à déborder, de sous le lit, des placards, du coffre du salon, du haut des étagères.

J'ai réalisé que je ne donnerai rien derrière un bureau.

Et puis un jour j'ai sauté le pas.

Me voici, aujourd'hui, à parcourir les routes à la recherche du tissu ou du galon qui fera la différence. Et comme je ne pourrai jamais tous les utiliser, je les vends aux autres créateurs, amateurs ou professionnels qui eux aussi, tout comme moi aiment les belles matières.

Sarabandes est née en avril 2012.

Je vous parlerai ici de cette aventure ainsi que de couture, de costumes des temps jadis. Je ne suis pas une professionnelle de l'aiguille, mais je suis un fin limier et je vous ferai partager mes découvertes sur la toile comme sur terre.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...