mercredi 27 février 2013

Imagine...Lorenzaccio

Imagine...Lorenzaccio

Affiche Mucha, 1896
Impossible de ne pas penser au héros de la pièce homonyme d'Alfred de Musset lorsque l'on entend ce nom, Lorenzacio. Pourtant  il ne s'agit pas seulement d'un personnage de théâtre, Lorenzino de Medicis a bel et bien existé et assassiné en 1537 son cousin, Alexandre de Medicis dit le Maure, tyran de Florence.

Se pencher sur ce personnage déroge quelque peu à la règle auto-fixée de ne traiter que des personnages de fiction, mais comment s'en abstenir quand le talent des auteurs les rend à la fois si proches et si différents de la réalité historique.

Nous laisserons donc de côté le Lorenzino pour nous attarder aujourd'hui sur le sombre et magnifique Lorenzaccio.

Portrait du comte Cesaresco par Moretto da brescia, 1540
Lorenzaccio n'est d'ailleurs qu'un surnom, de son vrai nom Lorenzo, il est d'abord appelé lorenzino, diminutif affectueux puis Lorenzaccio, patronyme plus sombre gagné après avoir décapité les statues des Rois de l'Arc de Constantin à Rome. 

La pièce:  Alfred de Musset l'achève en 1833, elle comporte une double assise historique.

  • d'une part le temps de l'assassinat du Duc, à Florence, où s'affrontent les clans florentins, dont celui de la très puissante famille des MEDICI (francisé en Médicis, souvent alliée au Royaume de France), le souverain Pontife lui même est un Medici.

  •  la seconde temporalité est celle de la France de MUSSET ( celle de Victor Hugo aussi) : l'échec politique des républicains à la suite des journées révolutionnaires de 1830, les royalistes imposant une solution qui leur permet de changer de monarque sans changer de régime. On trouve par exemple dans le texte de la pièce une référence aux étudiants!  

Lorenzaccio dans un premier temps est le compagnon d'intrigues et de débauche de son cousin Alexandre de Medici désigné par le Pape et l'Empereur Charles Quint comme nouveau maître de Florence.
Las de ces excès, Lorenzaccio  a décidé d'accomplir un geste fondateur et libérateur pour Florence ainsi que pour lui même en supprimant le tyran, il se voit comme un nouveau Brutus et aspire à redevenir le "Renzino" d'autrefois (diminutif affectueux de Lorenzo évoquant la douceur et l'innocence)

On peut imaginer que le costume de Lorenzaccio évolue avec sa conscience, par ailleurs c'est un jeune homme de 21 ans.
 
Le costume d'un noble italien se compose de:
  •  bas de couleur mettant en valeur les jambes (chausses)
  • des culottes bouffantes (haut de chausses)
  • une chemise
  • un pourpoint aux larges épaules, avec des crevées héritées du siècle passé permettant de montrer la finesse de la chemise.
Les portraits des grands de ce monde, permettent de se faire une idée de la silhouette d'un noble, étant donné l'influence de l'Italie sur les modes européennes on peut présupposer que Lorenzaccio devait se rapprocher de ces portrait dans une version très certainement moins riche et noble.
L'Empereur Charles Quint par Jakob Seisenegger
François Premier par Jean Clouet
Première partie:  C'est d'abord un membre de la famille régnante des MEDICI, dont la puissance repose sur la grande finance et le contrôle des institutions républicaines de Florence; il est le cousin du Duc; son costume sera donc conçu à partir des meilleures matières premières et devra montrer son appartenance à la classe dirigeante.
Lorenzo : «mon manteau de soie bariolé traîne paresseusement sur le sable fin des promenades» III3 
 Musset s'amuse avec son personnage, le faisant apparaître avec le Duc en robe de nonne, ce dernier l'appelant Lorenzetta, longtemps on en déduisit que Lorenzaccio avait une féminité avéré et le rôle fut tenu par des femmes dont Sarah Bernhardt.


Dans le première partie Lorenzaccio est un jeune homme espiègle haut en couleur affublé d'une guitare.
  • «et on les voit descendre avec leurs habits de toutes les couleurs »(I2)
  • Sire Maurice: «à votre place je prendrai une épée»; Lorenzo: «si on vous a dit que j'étais un soldat c'est une erreur; je suis un pauvre amant de la science» (I4)
  • Lorenzo : «où diable est ma guitare?» (II6)

    Portrait d'un jeune joueur de Luth, Francesco Ubertini Bacchiacca
    Domenico Capriolo, autoportrait

    Seconde partie: c'est le temps du Lorenzaccio sombre et torturé qui met au point ses projets d'assassinat. Le noir  s'impose et l'on arrive à la représentation commune de Lorenzaccio, telle que présentée par les metteur en scène successif.

    Portrait d'un jeune homme, Giovanni Battista Di Jacopo
    Gérard Philippe, dans le rôle de Lorenzaccio, mise en scène par Jean Vilar

    Troisième partie: le temps de l'assassinat et du Lorenzaccio guerrier.

     Maximilien par Antonio Moro


    Lorenzaccio: "Le Vice a été pour moi un vêtement, maintenant il est collé à ma peau" Le vice a été pour moi un vêtement, maintenant il est collé à ma peau.
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