Cosette
jeune fille
De
la pensionnaire de couvent à l'ingénue
Bien
souvent on ne retient du personnage de Cosette que l'enfant martyre
et misérable, considérant la jeune femme qu'elle devient dans la
dernière partie du roman comme trop mièvre, lui préférant
Eponine, dont elle est le double inversé. Certes Cosette enfant est
devenue une référence, un symbole, un personnage mythique. Mais si
le personnage de Cosette est simplement romanesque dans la dernière
partie, il n'en demeure pas moins essentiel et riche dont l'évolution
de condition et de caractère se lit dans sa vêture.
Cosette
est née à la fin du premier empire, en 1815, des amours éphémères
d'un étudiant peu scrupuleux et de Fantine, jeune ouvrière. Dès sa
naissance elle connaît l'abandon, de son père d'abord, puis de sa
mère qui la confie aux Thénardier car son statut de mère
célibataire est un frein à l'obtention d'un emploi.
«En France, jusqu’à la fin des années 1870, date à laquelle les premières crèches sont ouvertes, les femmes qui travaillent n’ont pas de mode de garde et sont obligées de recourir à une «gardienne» ou à une «soigneuse». Lorsque la mère décède, abandonne son enfant ou se trouve dans une ville trop éloignée pour pouvoir le visiter régulièrement tout peut arriver: les bambins sont à peine nourris et mal vêtus; dès que possible, ils travaillent jusqu’à quinze heures par jour, sans repos hebdomadaire; ils sont frappés sous le motif le plus futile. Lorsque personne n’est venu les rechercher, à l’adolescence, la famille d’accueil a tous les droits sur eux...» (Myriam Tsikounas).
«En France, jusqu’à la fin des années 1870, date à laquelle les premières crèches sont ouvertes, les femmes qui travaillent n’ont pas de mode de garde et sont obligées de recourir à une «gardienne» ou à une «soigneuse». Lorsque la mère décède, abandonne son enfant ou se trouve dans une ville trop éloignée pour pouvoir le visiter régulièrement tout peut arriver: les bambins sont à peine nourris et mal vêtus; dès que possible, ils travaillent jusqu’à quinze heures par jour, sans repos hebdomadaire; ils sont frappés sous le motif le plus futile. Lorsque personne n’est venu les rechercher, à l’adolescence, la famille d’accueil a tous les droits sur eux...» (Myriam Tsikounas).
Dès
1818, Cosette se retrouve condamnée à subir la méchanceté des
Thénardier ; exploitée et misérable, d'enfant chérie par sa mère
elle devient la plus misérable des
servantes: «Comme elle n'avait plus de
trousseau, on l'habilla des vieilles jupes et des vieilles chemises
des petites Thénardiers, c'est à dire de haillons"
Cosette et le poupée offerte par Jean Valjean, Léon François Comerre
Elle
est sauvée le jour de Noël 1823 par Jean Valjean informé de son
existence par Fantine mourante. Cosette quitte alors l'auberge de
Montfermeil pour un couvent parisien. Pour
marquer la rupture l'auteur souligne le changement de vêtements:
«une petite robe de laine, un tablier, une brassière de
futaine, un jupon, un fichu, des bas de laine, des souliers, un
vêtement complet pour une fille de sept ans. Tout cela était noir»;
ainsi par la couleur du deuil est souligné le lien avec Fantine la
mère décédée, inconnue de sa fille; et par la qualité des
vêtements le changement radical de statut; «Cosette
n'était plus en guenilles, elle était en deuil. Elle sortait de la
misère et elle entrait dans la vie»
Reproduction de la mode enfantine sur le site fashion-era
Marius
la rencontre au jardin du Luxembourg, où ils se croisent et se
remarquent; à ses yeux «c'était une façon de fille de treize
ou quatorze ans, maigre, au point d'être presque laide, gauche,
insignifiante, et qui promettait, peut-être d'avoir d'assez beaux
yeux... Elle avait cette mise à la fois vieille et enfantine des
pensionnaires de couvent, une robe mal coupée de gros mérinos
noir»; Marius et Cosette se
croisent sans se parler deux années.
Robe de 1830 présentée aux enchères.
Cosette
devient une jeune fille: «mais il lui parut que ce n'était
plus la même jeune fille. La personne qu'il voyait maintenant était
une grande et belle créature ayant toutes les formes les plus
charmantes de la femme ….C'étaient d'admirables cheveux châtains
nuancés de veines dorées, un front qui semblait fait de marbre, des
joues qui semblaient faites d'une feuille de rose, un incarnat pâle,
une blancheur émue, une bouche exquise d'où le sourire sortait
comme une clarté et la parole comme une musique, une tête que
Raphaël eut donnée à Marie posée sur un cou que Jean Goujon eût
donné à Vénus. «En six mois, la petite fille était devenue jeune
fille....Hier on les a laissées enfants, aujourd'hui on les retrouve
inquiétantes»
Encore
une fois les vêtements changent: «Et puis ce n'était
plus la pensionnaire avec son chapeau de peluche, sa robe de mérinos,
ses souliers d'écolier et ses mains rouges; le goût lui était venu
avec la beauté; c'était une personne bien mise avec une sorte
d'élégance simple et riche et sans manière. Elle avait une robe de
damas noir, un camail de même étoffe et un chapeau de crêpe blanc.
Ses gants blancs montraient la finesse de sa main qui jouait avec le
manche d'une ombrelle en ivoire chinois, et son brodequin de soie
dessinait la petitesse de son pied»
P.G Jeanniot, cosette Jeune fille
« Elle sut tout de suite toute la science du
chapeau, de la robe, du mantelet, du brodequin, de la manchette, de
l'étoffe qui va, de la couleur qui sied, cette science qui fait de
la femme parisienne quelque chose de si charmant, de si profond et de
si dangereux.» «En moins d'un mois Cosette fut dans cette
thébaïde de la rue de Babylone une des femmes, non seulement les
plus jolies, ce qui est quelque chose, mais «les mieux mises» de
Paris, ce qui est bien avantage»
Jean
Valjean ne remplace pas toujours une mère: «une
mère , par exemple, lui eût dit qu'une jeune fille ne s'habille
point en damas»
et puis ajoute l'auteur:
«Pour former l'âme d'une jeune fille, toutes les religieuses du
monde ne valent pas une mère. Cosette n'avait pas eu de mère. Elle
n'avait eu que beaucoup de mères, au pluriel.»
Cosette
s'habille donc de façon recherchée mais trop élaborée pour son
âge, à la limité de ce qui est acceptable pour une jeune fille de
sa condition, « Cosette s'habilla. Elle arrangea ses
cheveux de la manière qui lui allait le mieux, et elle mit une robe
dont le corsage, qui avait reçu un coup de ciseau de trop, et, qui
par cette échancrure laissait voir la naissance de son cou, était
comme disent les jeunes fille, «un peu indécent»néanmoins
c'est cela qui va charmer Marius et se l'attacher: «Cosette
se pencha pour ramasser quelque chose à terre, son corsage
s'entr'ouvrit et laissa voir la naissance de sa gorge. Marius
détourna les yeux.» «Il contemplait et il adorait les choses
qu'elle mettait, son nœud de ruban, ses gants, ses manchettes, ses
brodequins, comme des objets dont il était le maître..."
Par
la suite, lorsque Cosette épouse Marius, elle change à nouveau de
condition et donc de tenue.
Prochain et dernier article: Cosette, jeune femme à la mode, Baronne de Pontmercy
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